Trente ans, c'est l'âge de Voiles et Voiliers, créé sur un coin de table par une bande de copains et progressant jusqu'à devenir le premier magazine de voile en France. Au cours de cette longue période la voile a changé complètement de visage : les petits yachts de croisière côtière, souvent encore en bois ou en contreplaqué, sont devenus plus grands, plus sûrs, plus performants, plus logeables et plus confortables ; les constructeurs français de bateaux de série se sont hissés à la première place mondiale. La course en haute mer s'est radicalisée, devenant plus rationnelle et scientifique, les arrivées jugées en secondes et non plus en heures ou en minutes. Les multicoques, fragiles assemblages de contreplaqué aux formes bizarres, ont évolué en luxueux yachts de croisière, élégants, rapides et sûrs, en compétition ils atteignent des sommets de conception, de construction et de performances, ils alignent de fantastiques records et ils distancent les vedettes de reportage, obligeant les photographes à emprunter l'hélicoptère. Pour évoquer ces aventures parallèles, Alain Gliksman n'a eu qu'à puiser dans ses souvenirs. Il a couru comme skipper pratiquement toutes les grandes épreuves océaniques, au cours d'une vingtaine de traversées de l'Atlantique nord et sud, de deux du Pacifique, d'un tour du monde. Quand il ne courait pas il était reporter, accumulant les voyages en Australie, au Japon, à Hong Kong, en Afrique du Sud, en Californie, au Brésil, à Tahiti. Les plus grands champions, les architectes célèbres, les constructeurs petits et grands, les équipiers lui ont confié leurs espoirs, leurs problèmes, leurs joies et leurs peines.

Rédacteur en chef de la revue Voiles et voiliers et créateur de l'agence Sea and See, Daniel Allisy a longtemps été familier des courses du RORC et du Fastnet - dont un couru avec Alain Gliksman à bord de Coriolan - avant de se tourner vers la croisière dans le grand Sud où il navigue presque chaque été austral à bord de Kotick d'Alain Caradec. Après avoir participé aux débuts de Voiles et voiliers, il a couvert tous les événements de la voile en tant que pigiste depuis 1971, avant de prendre la direction de la rédaction du journal en 1986. A une époque où la voile coûtait de l'argent et n'en rapportait pas, Alain Gliksman est devenu journaliste pour satisfaire son besoin de naviguer. Essayeur à la revue Bateaux, il est en 1962 le créateur de la revue Neptune et son rédacteur en chef pendant dix ans. Parallèlement il mène une carrière de coureur océanique et d'auteur et s'y consacre totalement à partir de 1972. Dans les années 90 il revient au journalisme, comme rédacteur en chef de Mer & Bateaux. Alain Gliksman a gagné le championnat du RORC (championnat d'Europe de course océanique), la Semaine Internationale de Marseille, les 500 milles en solitaire de Port-Leucate ; il a participé deux fois à la Transat en solitaire (gagnant du prix des 35 pieds en 1972). Il a été le skipper de Kriter pour la première course Whitbread autour du monde, deuxième de la course Capetown-Rio, etc. Alain Gliksman a été l'auteur ou le directeur de collection de nombreux ouvrages sur la technique ou l'histoire de la voile et sur ses grandes figures ; la plupart ont été réédités plusieurs fois et traduits en anglais, allemand, espagnol, italien.