Dans For intérieur, exposition créée par le Festival d'Avignon et la Maison Jean Vilar, l'artiste polymorphe Jan Fabre - auteur, artiste de la scène, plasticien - met en scène son univers plastique dans un parcours sans chronologie, autour d'une soixantaine d'œuvres, sculptures, dessins et films. Il nous révèle un langage doté d'une rare densité et multiplicité, allant d'une infinité de traits au bic bleu à une légion de coléoptères d'où émergent des images fugitives.

Né en 1958 à Anvers où il vit et travaille, Jan Fabre est un créateur inclassable, menant de front une activité d'artiste de la scène et une production plastique comprenant des dessins, des sculptures, des performances et des films. Il est aussi fondateur de la revue pluridisciplinaire janus. Ses œuvres sculpturales sont sur toutes les grandes places de l'art contemporain, de la Documenta à Kassel aux Biennales de Venise, Saõ Paulo et Istanbul. A la fin des années 1970, le jeune Jan Fabre aborde aussi bien les grands thèmes existentiels, comme la vie et la mort ou l'ordre et le chaos, que des sujets plus romantiques, tels que la nuit et le rêve. L'iconographie de Jan Fabre est pullulante, polymorphe et changeante. Le pouvoir magique de la métamorphose -stratégie de survie adoptée parce nombreux animaux à l'origine de mythes souvent très anciens - occupe une place importante dans son œuvre, mais aussi dans sa vie où il en use à profusion. Jan Fabre, dont l'œuvre et la vie se recoupent, est un artiste aux multiples visages, qui passe avec autant d'éclat de la peau d'un metteur en scène de théâtre à celle d'un scénographe, d'un auteur, d'un dramaturge lyrique et d'un artiste plasticien. Un artiste qui ne se contente pas de dessiner, mais qui réalise également des sculptures, des installations, des performances, des vidéos et des films. Il s'entretient avec ses " Guerriers de la beauté ", avec des animaux d'une autre ère, des objets ravagés par le temps, des anges déchus, des artistes et écrivains morts ou vivants, des hommes de science et des philosophes, ses diables et ses démons, avec l'autre, la mort et ce vide obscur au fond de lui. Jérôme Sans, né en 1960, vit et travaille à Paris. Il est le codirecteur du palais de Tokyo, site de création contemporaine, à Paris, qu'il a conçu et développé avec Nicolas Bourriaud depuis 1999. Curator extérieur de l'Institute of Visual Arts (Milwaukee, USA) de 1996 à 2003, il y a organisé de nombreuses expositions monographiques (dont Pierre Huyghe, Erwin Wurm, Philippe Parreno), avant d'être nommé en 2004 curator extérieur à Magasin 3 (Stockholm Konsthalle). Commissaire d'exposition indépendant (Biennale de Taipei, Taiwan, 2000 ; Tutto Normale, Villa Médicis, Rome, 2002 ; Live, palais de Tokyo, Paris, 2004, entre autres), il est également auteur et critique d'art (entretiens avec Daniel Buren, Au sujet de..., Flammarion, 1998), tout en collaborant à diverses publications artistiques (Artpress, Flash Art, Artforum). Il assure le commissariat de la prochaine Biennale d'Art contemporain de Lyon avec Nicolas Bourriaud.