Lorsqu'en 1937, descendant la coupée du Mariett Pacha, Timo foule le quai des Messageries, Saigon s'alanguit dans de moites délices. Le monde colonial ne porte guère d'intérêt aux troupes japonaises qui dévastent la Chine. Dans les yeux bleu pâle du jeune homme de vingt ans, se lit l'insouciance d'une vie jusque-là tissée de plaisirs. Après une enfance passée dans le Paris populaire du quartier des Halles parmi les camelots et les illusionnistes de rue, Timo est devenu prestidigitateur, admiré pour sa virtuosité. D'une élégance naturelle faite de charme et de séduction, il doit aussi à l'agilité de ses mains une belle aisance financière. Pourtant, par instants, un éclat sombre traverse son regard. Une machination organisée par Lin personnage puissant l'a contraint à quitter Paris et à fuir jusqu'en Extrême-Orient. Cette étrange lueur est celle de la haine et du besoin de vengeance. Laurence ne connaît pas de tels sentiments. Superbe femme de quarante ans, épouse délaissée d'un haut administrateur de la France en poste à Saigon, elle découvre l'amour absolu, à la fois brûlant et tendre, pour ce garçon si jeune et si troublant. Mais l'implacable chasseur voué à la perte du jeune homme l'a retrouvé à Saigon. Fini la vie de luxe facile. Le bagne de Poulo-Condor et ses hangars hallucinés rappellent que l'Asie cache un deuxième visage, celui de la violence et de la cruauté. Le chemin est périlleux qui mènera peut-être à l'amour retrouvé, dans un Extrême-Orient dévasté par la guerre et face aux menée dévastatrices d'un étrange chef-pirate, le général Lao-San. Un formidable roman d'aventure ou se succèdent trahisons, vengeances, haines et passions. Un livre à grand spectacle.

André Le Gal a commence sa carrière en 1986 avec Le Shanghaié. Prix des Maisons de la presse, prix Hamic de l'Académie française Pour Chroniques des gens de mer (Plon 1998), il a atteint plus de deux millions d'exemplaires vendus, toutes éditions confondues.