Mille quatre cent quatre-vingt. C'est le nombre de marches qu'il a montées et descendues ce jour-là pour partir en vacances. Mille quatre cent quatre-vingts marches où il a ressemblé à un baudet, portant les vélos de ses filles, les bagages de ses filles, et les filles elles-mêmes. Un attelage désormais connu dans la cage d'escalier du bloc 29 de sa belle cité HLM. L'ascenseur est souvent en panne. Les gens ont pris l'habitude de voir passer les trois petites têtes blondes qui détonnent tant dans ce quartier. Le jour des mille quatre cent quatre-vingts marches, ce n'était pas un dimanche, mais un mercredi. Mercredi des cendres. Ça aura même été "mercredi descendre". Quoi qu'il en soit, le Carême commençait bien. En s'essoufflant dans un escalier ignoble, profitant de chaque marche pour murmurer "Seigneur, prends pitié" tel le pèlerin russe, il a pensé que c'était un bon jour aussi pour écrire les premiers mots de ce carnet de bord. Parce que sa plongée, en famille, au cœur d'une cité HLM marseillaise pendant trois ans, aura finalement ressemblé à ces quarante jours qui séparent le mercredi des Cendres de Pâques. On part toujours avec plein de bonnes résolutions mais on finit irrémédiablement sur la Croix du vendredi saint, en se disant qu'on a vraiment été un moins que rien. Et pourtant, Dieu est là et, avec lui, le dimanche, la victoire, la lumière, la Résurrection... Un jeune couple catholique et leurs trois filles ont fait le choix de vivre dans une banlieue difficile d'un quartier Nord de Marseille. Ils nous livrent ici leur expérience. Un hymne à la tolérance, à l'humour et à la différence.

Mariés depuis 2008, Amaury et Marie-Alix Guillem ont trois filles de 5, 4 et 2 ans : Aloyse, Eugénie et Zélie. Formation en lettres et sciences politiques pour les deux. Une année au Liban pour elle en 2005-2006, pendant qu'Amaury faisait le tour du monde pour le projet Image In Nations. Puis il a travaillé trois ans à Reporters d'Espoirs, puis a été rédac chef de La Semaine du Pays Basque pendant trois ans. Travaillés depuis longtemps par la question des banlieues, et sentant un appel très fort à quitter leur confort pour se mettre au service des plus pauvres, ils ont rejoint Le Rocher dans la banlieue de Marseille en septembre 2012, pour une durée de trois ans.

Un témoignage décapant. Un message d'espoir pour nos banlieues. Un livre coup-de-poing.