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Quand, en mai 1981, François Mitterrand arrive au pouvoir, la Gauche n’a pas encore idée de ce
que la musique peut receler de populaire chez les Français. Certes, elle en a eu un avant-goût
place de la Bastille le 10 mai, mais personne au PS n’aurait imaginé qu’il fût possible d’en instituer
une fête nationale. Un an de gestation, de maturation, d’hésitations seront nécessaires à la
République pour qu’elle accouche d’un phénomène culturel sans précédent dans les nations
modernes : une « fête de la musique » nationale, populaire et païenne. Les géniteurs de cette
improbable manifestation de masse sont trois rêveurs impénitents, trois figures socialistes
quadragénaires : Christian Dupavillon, Maurice Fleuret et Jack Lang. La fête sera gratuite, ouverte
à tous, à toutes les musiques. L’information se répand comme une traînée de poudre, tant et si bien
que les musiciens d’un soir qui se déploient aux abords des cafés, parcs et halls d’immeubles en
oublient les horaires. A 20 h 30, des milliers de gens jouent, chantent et dansent partout en France
dans une sorte de grâce et de bonhomie républicaine qui, pour les plus anciens, rappelle le faste
populaire des 14 juillet d’antan. La nuit la plus courte, solstice d’été oblige, se transforme comme
par magie en un concert le plus long de l’année et ils furent près d’un million dans toute la France à
envahir la rue pour jouer ou chanter. En réalité, avec près de trente ans de distance, il apparaît
que seules la conjonction de contextes et des intuitions firent de cette fête un événement populaire
national qui est devenu, mieux qu'une institution, une énigme joyeuse, robuste, planétaire, dont
personne ne peut vraiment expliquer le succès.
- Largeur : 22.7 cm
- Épaisseur : 2.5 cm
- Hauteur : 27.5 cm
- Langue : Français
- Auteur : Jean-Michel Djian
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