La vie de Tazieff est un roman. Russe d'ascendance polono-tadjik, promené de Pétrograd au Caucase, en pleine guerre civile, puis de Paris à Bruxelles, le petit "Garouk" commence son existence dans l'errance. Il la poursuit dans un mélange de sports à risques (boxe, rugby, escalade) et d'études scientifiques approfondies, entrecoupées d'actions de sabotage contre l'occupant nazi. Et cela débouche sur une vocation tardive : la volcanologie.

Tazieff n'est pas un géologue qui se contente d'étudier des échantillons de roche dans un labo et de publier des articles scientifiques. Il lui faut arpenter des volcans en activité, si possible en éruption, afin d'en observer les formidables échappées de chaleur, de gaz et de lave. Artiste-peintre rentré, il lui faut aussi fixer sur pellicule ces feux d'artifice naturels et les montrer à ses contemporains.

Homme de science, sportif accompli, explorateur, cinéaste, conférencier, Tazieff séduit le public avec ses films et ses récits, par son enthousiasme et sa chaleur humaine. Mais son caractère fougueux lui joue des tours. Aussi bien dans sa carrière scientifique que dans son parcours politique. Peu lui importe. Il est l'homme des ruptures, des coups de gueule et des coups de poing. Il adore jouer avec le feu dans tous les sens du terme. Au fil des ans, il a acquis une conviction dont il ne déviera pas : la Terre est un être vivant. Elle tremble sous nos pieds, elle éructe sous nos yeux. Et ses beautés sont fragiles, vulnérables, à protéger. Tazieff la brute se transforme en ange gardien quand il pense à cette petite planète où nous sommes condamnés à vivre. Il ne veut pas qu'on l'abîme. Il entre dans des colères formidables lorsque des imbéciles ou des irresponsables la menacent.