Ecrit il y a plus de deux mille ans, l'Arthasastra est le chef-d'oeuvre indien de la littérature politico-militaire et l'un des grands classiques sanskrits. Le génie politique de Kautilya s'exprime ici de façon éclatante.

Rechercher des alliances, semer la discorde chez l'ennemi et ses alliés, agir au moment favorable, savoir rester coi quand s'est nécessaire, encourager la traîtrise des uns et s'assurer de la fidélité des autres... le discours de Kautilya sur la Guerre et la Paix est celui d'un maître insurpassé de la duplicité, poursuivant sans répit la consolidation de sa puissance.

L'Arthasastra, écrit Gérard Chaliand dans son avant-propos, est à la naissance du politique ce que Sun Zi est à la naissance de la stratégie : une élaboration d'une originalité absolue.

D'étonnante modernité, l'Arthasastra est le pilier d'une bibliothèque sur le politique, à placer entre Le Prince du Florentin Machiavel et L'Homme de cour du jésuite Balthasar Graciàn.

" Elles sont aussi précises et minutieuses que celles de Sun Zi, les analyses stratégiques et tactiques de Kautilya. Ce qui est compréhensible car elles étaient dans l'air du temps dès le IVe siècle avant J.C. Plus surprenant, dans sa composante politique, on trouve à la fois Machiavel, et, quant au cynisme, Bismarck. "

Pierre GALLOIS

" Libérée de tout préalable moral ou théologique, la pensée stratégique trouve son principe inaugural dans la considération froide et déniaisée de la violence à l'état pur, saisie en son indépassable pouvoir destructeur. Méditant dans l'horizon des multiples annihilations possibles, exploration indienne de l'universelle vulnérabilité, l'Arthasastra ranime l'immémorial face à face thucydidien d'Athènes et de Mêlos, où l'homme occidental dialogue avec son propre néant. "

André GLUCKSMANN