Parce qu'éduquer est, vraiment, le plus vieux métier du monde... Parce que, depuis toujours, les hommes se demandent comment accueillir les enfants dans le monde... Parce qu'il faut permettre aux enfants de transformer ce monde et espérer qu'ils y parviennent... Parce que l'apprentissage ne se décrète pas, et que chacun doit l'effectuer librement pour soi... Parce qu'il faut sans cesse inventer des moyens pour stimuler et accompagner les apprentissages... Parce que les connaissances, à elles seules, ne délivrent pas de la barbarie... Parce que la paix se construit dans l'éducation en réinventant les règles du vivre ensemble... Parce que les pédagogues du passé on été confrontés aux " anormaux ", " barbares " et "sauvageons"... Parce qu'ils ne se sont jamais résignés à traiter la difficulté ou l'échec par l'exclusion... L'Education en questions propose d'explorer le patrimoine pédagogique afin d'y trouver de quoi nourrir notre détermination d'éducateurs et ressourcer notre action au quotidien.

Janusz Korczak, né Henryk Goldszmit le 22 juillet 1878 mort le 5 août 1942. Juillet 1878, naissance à Varsovie de joseph Goldszmit et de Cecylia Gebicka, dans une famille Juive, aisée et assimilée depuis longtemps. Petite enfance surprotégée dans un univers de femmes. Il a une gouvernante française. A 12 ans, il est brutalement confronté à la folie de son père. Sa famille ruinée, il est contraint de travailler et se fait précepteur. 1896, il devient un journaliste engagé, publie son premier livre en 1901 : Les enfants de la rue et obtient son diplôme de médecine en 1905, année où il est mobilisé pour la guerre entre la Russie et le Japon. A son retour, il développe une activité médicale florissante puis il fait des voyages d'études à Berlin, en Suisse, à Paris (en 1910), à Londres, et.. en prison, où l'envoie (2 mois, en 1909) une vague de répression tsariste contre l'élite polonaise. 1912, inauguration de Dom Sierot à Varsovie, orphelinat modèle pour enfants juifs dont il a fait les plans avec Stefania Wilczynska. A peine installé, Janusz Korczak est mobilisé pour la guerre 1914-1918. Au front, il écrit son ouvrage clé Comment aimer un enfant. Novembre 1918, la paix rend son indépendance à la Pologne après 120 ans d'occupation (les 3 partitions). Régime républicain. 1919, inauguration de Nasz Dom, créé avec Maryna Falska pour recevoir des orphelins de guerre. Korczak est de nouveau mobilisé, cette fois comme officier polonais contre l'armée russe. Période tragique : il contracte le typhus et contamine sa mère qui en meurt. Varsovie assiégée et l'indépendance toute neuve sont sauvées in extremis par le maréchal J. Pilsudski, le 16 août 1920. 1921, les deux " Républiques des enfants " marchent bien. Les enfants y sont heureux. Leur fondateur est parvenu a mettre ses idées en pratique et une cogestion très organisée régit efficacement leur fonctionnement, sous l'autorité d'un Parlement et d'un Tribunal d'arbitrage adaptés aux enfants. 1922, la renaissance de sa nation et les difficultés de sa toute nouvelle démocratie semblent avoir favorisé la création de son fils spirituel, Le roi Mathias Ier, roman initiatique qui connaît un succès international. 1926, création de Maly Przeglad (La petite revue), journal national " fait par les enfants pour les enfants " (150 000 exemplaires, 2 000 correspondants enfants dans tout le pays jusqu'en 1939). Janusz Korczak enseigne à l'Institut de pédagogie et à l'Université. Nommé expert auprès du Tribunal, il défend les jeunes délinquants. 1928, Nasz Dom est luxueusement installé à Bielany, à Varsovie. Il publie un pamphlet virulent : Le droit de l'enfant au respect, puis Les règles de la vie. 1934, à la radio, tout le monde écoute en famille les célèbres " causeries du Vieux docteur ". 1936, il perd sa place à la radio et au Tribunal pour cause d'antisémitisme. Il se rend pour la deuxième fois en vacances en Palestine et renonce à y émigrer. Il démissionne de Nasz Dom. Septembre 1939, la Pologne est envahie. Janusz Korczak revêt son uniforme d'officier polonais et ne le quittera plus malgré les risques encourus, de même qu'il ne portera jamais l'étoile discriminatoire. Dom Sierot est transféré dans le Ghetto de Varsovie. Il affronte la Gestapo, est jeté en prison, en réchappe pour assurer la survie des enfants, tient son journal du ghetto. Pressentant la fin, il leur fait jouer une pièce de R.Tagore sur le thème de la mort. 5 ou 6 août 1942, les orphelinats sont déportés. Korczak, Stefa, les éducateurs et les 200 enfants envoyés au camp d'extermination de Treblinka, où les nazis les ont assassinés.