Les bibliothèques numériques ébranlent profondément un des acquis les plus importants de notre civilisation : l'imprimé. Des auteurs aux lecteurs, la chaîne de production et de diffusion est en pleine mutation. Ce livre présente pour la première fois en français une synthèse sur cette vaste problématique. Il fallait d'abord clarifier les concepts et les techniques informatiques mis en jeu dans la production des documents électroniques, matière première des bibliothèques numériques. Les collections sont déjà importantes. Les périodiques électroniques sont désormais abondamment utilisés dans les domaines scientifiques (science, technologie, médecine). De leur côté, les sciences humaines constituent d'importants corpus de textes classiques ou d'œuvres peu connues ou mal diffusées. Comment les bibliothèques, jusqu'à présent centrées sur le texte imprimé, réagissent-elles ? Certaines convertissent déjà en numérique leurs propres collections, toutes ont encore de nombreuses fonctions à adapter. Le traitement bibliographique cherche comment intégrer la localisation des documents numériques, qu'ils soient loués, achetés, numérisés par la bibliothèque elle-même, ou encore dispersés sur Internet. D'importants défis doivent être relevés, comme la préservation à long terme des supports informatisés. Pour les lecteurs, les avantages sont certains. Les copies de substitution numériques permettent d'accéder aux documents fragiles, précieux, ou simplement rares. C'est aussi une manière de travailler complètement nouvelle qui s'amorce : étudiants et chercheurs pourront annoter électroniquement le texte de leur choix, constituer des corpus personnels, tisser leurs propres réseaux de liens hypertextuels. Nous commençons tout juste à prendre conscience des implications intellectuelles et économiques des bibliothèques numériques. A peine nées, les voilà déjà entourées de mythes. Le plus tenace est qu'Internet va remplacer les bibliothèques traditionnelles, qui seraient vouées à disparaître. Les auteurs de ce livre démontrent qu'il n'en est rien, mais qu'un nouvel espace documentaire, intégrant de façon continue papier et électronique, est en train de voir le jour.

Alain Jacquesson a dirigé l'Ecole de bibliothécaires de Genève de 1977 à 1981. Il a piloté l'informatisation des bibliothèques de l'Université de Genève de 1981 à 1988 et a assuré la direction des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève de 1988 à 1993, date à laquelle il a été appelé à la direction de la Bibliothèque publique et universitaire (BPU) de cette même ville. Il assure des enseignements dans le domaine de l'informatisation des bibliothèques à Genève et à Lyon-Villeurbanne. Alexis Rivier a commencé sa carrière professionnelle à la Bibliothèque cantonale du Valais dans le cadre de son projet d'informatisation, notamment par la rédaction d'un cahier des charges. Après avoir travaillé pour différentes bibliothèques comme consultant, il a été nommé conservateur des Nouvelles Technologies à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève.