Vergès-Debré. Qui aurait imaginé qu'un jour, ces deux noms-là s'accoleraient sur la couverture d'un même livre ? Jacques, fils de Raymond Vergès, fondateur du Parti communiste réunionnais, face à Bernard, fils de Michel Debré, le député gaulliste de cette même Réunion qui tenait les communistes de l'île pour une " cinquième colonne " soviétique au cœur de l'Océan indien ! L'avocat de l'Algérie algérienne que Michel Debré, alors premier ministre, rêvait, dit-on, de faire supprimer, face au professeur de médecine et ancien ministre RPR de la Coopération, qui ne cache pas la répulsion absolue que lui inspire Barbie, l'homme que défendit Vergès, le " salaud lumineux "... Et voici que, sur pratiquement tous les sujets, ces deux-là tombent d'accord ! La démission de l'Etat et l'effacement de la France dans le monde, notamment en Afrique ; la judiciarisation de la société et de l'effacement de la République au profit d'un simulacre de démocratie... C'est à ce théâtre d'ombres que Jacques Vergès et Bernard Debré, venus de si loin pour se retrouver, ont décidé de déclarer la guerre. Car pour eux, le simulacre devient un crime quand il dissimule, non point une politique, mais la mort de toute politique, qui n'est rien d'autre que la soumission au destin. Oui, pour Vergès et pour Debré, la France est poussée au " suicide ". Et par qui ? " Hélas, hélas, hélas ! " aurait dit de Gaulle, par ceux-là même dont " c'était l'honneur et la raison d'être ", de défendre ses atouts et de promouvoir sa liberté. Seuls deux esprits totalement libres pouvaient ainsi mettre de côté leurs différences pour plaider d'une même voix en faveur de la France.