Mémoire de la Shoah, mémoire de l'esclavage, mémoire du colonialisme... À quoi sert ce retour sur le passé ? À reconnaître les préjudices subis et les crimes commis ? Mais cela peut-il éviter qu'ils se reproduisent ? Le devoir de mémoire entrave-t-il la liberté de l'historien ?

Pour Alain Houziaux, faire mémoire conduit à rester figé dans le passé. Au contraire, se souvenir peut provoquer un changement de comportement qui incite à la responsabilité pour aujourd'hui et demain. La manie commémorative, constate Jean-Claude Guillebaud, révèle l'absence tragique de croyance en l'avenir. Pour Alain Finkielkraut, nous vivons sous la dictature du présent. Privilégier la mémoire du crime fait oublier les leçons positives du passé. Pourquoi donc faire mémoire ? François Dosse le dit : pour lutter contre l'oubli, mais aussi pour pouvoir oublier ce qui empêche de vivre et de créer.

François Dosse est historien, agrégé d'histoire, professeur des universités. Il est notamment l'auteur de Histoire du structuralisme (2 vol., La Découverte, 1991, 1992); Paul Ricreur, les sens d'une vie ; Michel de Certeau, le marcheur blessé ; Le pari biographique. Ecrire une vie (La Découverte, 1997, 2002, 2005).

Alain Finkielkraut enseigne la philosophie à l'École polytechnique. Depuis La défaite de la pensée (Gallimard, 1987), il a écrit de nombreux ouvrages dont L'imparfait du présent (Gallimard, 2003), Les battements du monde (Hachette, 2005) et Nous autres modernes (Ellipses, 2005)

Jean-Claude Guillebaud est directeur littéraire aux Éditions du Seuil. II a publié une vingtaine d'ouvrages dont Le goût de l'avenir (Seuil, 2005) et La force de conviction (Seuil, 2005). Il est aussi coauteur de La psychanalyse peut-elle guérir? (les Éditions de l'Atelier, 2005).

Alain Houziaux est pasteur à l'Église réformée de l'Étoile à Paris, docteur en théologie, docteur en philosophie. 11 est notamment l'auteur de Les grandes énigmes du Credo (DDR, 2003) et La lassitude, le courage, la confiance (Les Éditions de l'Atelier, 2005).