Parce qu'un enfant ça doit jouer Parce qu'un enfant ça doit rêver Parce qu'un enfant peut s'envoler Parce qu'un enfant doit être aimé sait sourire sait respirer sait fleurir c'est liberté.

Nathalie Novi : elle vit aujourd'hui en France, mais d'autres pays sommeillent en elle. L'Italie de ses ancêtres, par exemple. Ou bien encore l'Algérie de sa petite enfance puisqu'elle a vécu à Constantine, l'une des grandes villes d'Afrique du nord, entourée de son frère et de ses soeurs, de ses parents et de beaucoup de livres. Le départ vers un autre pays, Nathalie l'a connu puisque sa famille est retournée vivre un jour dans l'est de la France. C'est peut-être la raison pour laquelle elle est si sensible à la question de l'exil. Quand la guerre en Syrie a éclaté, que des milliers de guerre et la cruauté des tyrans, elle s'est mise à peindre le visage des enfants. Leurs regards qui la bouleversent. Leurs sourires. Leurs larmes. Leurs questions restées parfois sans réponse... Des photographies, prises en Syrie ou au Kurdistan par des reporters de guerre, ont inspiré ces portraits. Comme l'inspire jour après jour le courage des humanitaires qui viennent en aide aux populations victimes de la guerre. Parmi eux, le médecin Raphaël Pitti auquel elle a voulu dédier ce livre. Lui a souvent dit : "Croyez dans la vie ! ". Comme en écho, Nathalie s'adresse aux enfants dont elle peint les si beaux visages en ajoutant : "Enfant de Syrie, enfant de nos guerres, je ne t'oublie pas." Murielle Szac : quand elle pense à son enfance, Murielle voit une carte de l'Europe se déployer sous ses yeux. Elle y pointe d'abord la ville de Lyon, où elle est née, puis fait glisser son doigt vers le nord de la France, pour s'arrêter à Calais, la ville portuaire où elle a vécu avec sa famille, entourée de livres elle aussi. Calais séparée des falaises de Douvres par la Manche, le principal point de passage des ferrys qui relient la France à l'Angleterre. Calais où tant d'exilés attendent aujourd'hui que s'ouvrent les portes de la liberté. Mais ce n'est pas tout. Sur cette carte de l'Europe, Murielle voit aussi les chemins qu'ont empruntés ses grands-parents venus de Pologne, lorsqu'il s'est agi de fuir le nazisme pour ne pas mourir. Plus loin encore, elle entrevoit la longue route des Arméniens, des Kurdes, du peuple grec dont elle raconte souvent l'histoire, de toutes celles et ceux qui ont dû un jour faire entrer leur vie entière dans une valise. Ne lui demandez pas pourquoi les portraits d'enfants peints par Nathalie Novi l'ont à ce point bouleversée. Comme l'un de ses personnages, le dieu Hermès dont elle a raconté l'histoire, elle aurait inventé l'alphabet s'il avait fallu le faire, pour que le visage enfants s'anime. Et que leurs histoires jamais ne se perdent.