Après la Seconde Guerre mondiale, un homme retourne au hameau de la montagne vénitienne où il a passé son enfance. Si les pierres et les rues en ont été remodelées pour le transformer en un village de villégiature, les stigmates de l'horreur et le souvenir de ceux qui y vécurent sont demeurés bien vivaces. C'est d'abord celui de Giacomo, petit gamin d'une famille pauvre qui, de l'entre-deux-guerres à la campagne de Russie, traversera toutes les vicissitudes réservées aux montagnards italiens. Ce sont les violences infligées à la terre, où se dissimule encore le cuivre des obus et des bombes de 14-18, que Giacomo exhume pour le revendre et apporter quelques sous à sa mère. C'est encore l'exil des pères, dans les mines de Lorraine ou en Afrique, afin de sauver les familles de l'absolue misère. Et la marche du fascisme qui s'empare du pays.

Par une succession de tableaux brefs mais intenses, d'images fugitives mais puissantes, Mario Rigoni Stern célèbre les éternelles valeurs d'une terre de fraternité.

Cité par Primo Levi comme, l'un des cinq plus grands auteurs de la littérature italienne contemporaine, Mario Rigoni Stern s'est fait le conteur des humbles, le porte-parole des sans-voix et le chantre de la nature. Son œuvre compte désormais parmi les classiques. Né en 1921, vénitien d'ascendance autrichienne, il a été fait prisonnier par les

Allemands en 1943. Déplacé d'un camp à l'autre, il réussit à s'évader et rejoint à pieds son pays natal, le plateau d'Asiago. De cette expérience, il tirera le sujet de son premier roman, Le Sergent dans la neige.

Par la suite, il publiera La Chasse aux coqs de bruyère, Histoire de Tönle et L'Année de la victoire (Robert Laffont, collection " Pavillons ", 1998).