En 1799, dans les derniers jours du directoire, à la veille du coup d'Etat de Bonaparte (18 brumaire, an VIII), la guerre civile continue à sévir dans les départements de l'Ouest et spécialement en Bretagne. Les contre-révolutionnaires fidèles à la royauté, soutenus par les prêtres et encadrés par des nobles rentrés clandestinement de l'émigration, combattent la République avec la sauvagerie du désespoir. Les Chouans - ainsi nommés parce que leur cri ralliement est celui de la chouette - harcèlent les troupes du général Hoche, " pacificateur " de la région.

Embuscades, répression et tueries - tel est le climat de ce roman placé par Balzac parmi ses Scènes de la vie militaire et dont l'action (inspirée de faits historiques réels) se déroule dans la région de Fougère. Il met aux prises la coriacité paysanne, incarnée par le terrible Marche-à-Terre, et les vertus martiales que représente le rude et brave commandant Hulot ; cet affrontement ne doit pas faire oublier les évolutions plus troubles auxquelles se livrent dans l'ombre quatre personnages, mi-espions, mi-mondains : un agent du ministre de la Police Fouché, une jeune femme très belle, un soi-disant marrin et sa prétendue mère.

Entre eux, la partie va se jouer serrée, au cours de laquelle l'héroïsme, le machiavélisme et l'amour vont avoir leur mot à dire. La mort aussi est au rendez-vous. Et peut-être que, sous le rapport de la violence, les choses ont malheureusement peu changé. L'époque, pourtant, était assez différente de la nôtre : en ce temps-là, on va le voir, un homme n'hésitait pas à tenir, dans son poing, un charbon ardent, pour obtenir d'une femme simplement le droit de lui parler !

Honoré de Balzac est né à Tours en 1799 et mort à Paris en 1850. En sortant du collège des oratoriens de Vendôme, Balzac vient à Paris.

Ses débuts y sont tumultueux, pleins de tâtonnements et d'efforts en sens divers. Il écrit plusieurs volumes sous divers pseudonymes ou en collaboration, tous des échecs.

Découragé par la littérature, il se fait éditeur et imprimeur. Mais ces entreprises ne lui réussissent pas davantage.

Il revient à la littérature et signe à trente ans Le dernier Chouan, son premier chef-d'œuvre. Viennent ensuite la Physiologie du mariage, plusieurs nouvelles et la peau de chagrin, dont le succès est complet.

A partir de ce moment, grâce à un travail acharné, sa production littéraire est d'une régularité étonnante. Il travaille dix-huit heures par jour, se dérobe aux visites, se terre dans l'un de ses trois ou quatre domiciles parisiens, mais se mêle aux vies de ceux qu'il veut connaître.

De 1830 à 1850, il écrit en déployant une énergie stupéfiante, plusieurs dizaines de romans et nouvelles. Toute son époque y est dépeinte et l'ensemble de son œuvre, sa grandiose Comédie humaine, est certainement l'un des monuments de notre littérature.