Depuis quarante ans les régions françaises ont considérablement évolué. Si l'Ile-de-France conserve encore sa suprématie, l'on observe un infléchissement des inégalités interrégionales : grâce à leur dynamisme, les régions de l'Ouest et du Sud-Ouest ont rattrapé une partie de leur retard sur les régions du Nord et de l'Est ; en revanche, les inégalités se sont aggravées à l'échelle intrarégionale et à celle de la France. Avec le libéralisme économique, emplois et hommes se sont concentrés dans les aires métropolitaines dans les grandes vallées, le long des littoraux méditerranéens et atlantique, dans les régions frontalières de l'Est tandis que toute une partie intérieure du territoire se désertifie. C'est au sein des aires métropolitaines que les fractures sociales et territoriales apparaissent les plus graves, opposant certaines banlieues où se concentrent chômage, échec scolaire, pauvreté et délinquance et les quartiers du centre-ville et du péri-urbain " résidentiel " où se manifestent, au contraire, les signes tangibles des richesses.

Face à cette mutation, l'État a de moins en moins les moyens de répondre. La régionalisation s'impose.

Cet ouvrage postule, en effet, que les évolutions des économies encadrantes ont un impact spatial, et que cet impact conditionne la réponse, ou l'absence de réponse, des régions. Elle tend donc à faire de la région un acteur responsable, comme les lois de la décentralisation l'ont voulu.

Les inégalités régionales, qui traduisent les conséquences géographiques des relations des régions avec les économies encadrantes, sont analysées, dans cet ouvrage, à différentes échelles spatiales : départements, arrondissements, communes, zones d'emploi et temporelle : de 1954 à 1999.