Histoire & mesure volume 15 n° 1/2 2000 Proposer des méthodes originales d'analyse statistiques pour accompagner le travail des
archéologues, reconstituer des séries en s'inspirant des cadres d'analyse comptables employés
couramment par les économistes, conduire par une réflexion critique sur certaines données à
réexaminer et à réinterpréter certains phénomènes historiques, réfléchir sur la fonction des
scientifiques qui élaborent des enquêtes chiffrées pour les politiques, réexaminer de manière
critique des catégories par les adversaires dans un débat historiographique, autant d'objectifs poursuivis dans les cinq articles de ce numéro d'Histoire & Mesure. La recherche menée par P. Husi et R. Tomassone, en collaboration avec P. Chareille, s'inscrit dans le prolongement d'un travail déjà présenté par la revue, il y a quelques années. A partir de démarches statistiques appropriées, les trois auteurs s'efforcent de dater ou de situer chronologiquement des objets en céramiques retrouvés sur plusieurs sites d'habitat tourangeaux pendant un millénaire. V. Duchêne et Y. Segers entreprennent de reconstituer les revenus de la propriété foncière et ceux de la propriété immobilière belges au XIXe siècle, dans le cadre méthodologique de la comptabilité nationale. Ils chiffrent la part respective des uns et des autres et démontrent qu'un basculement s'est produit qui a réduit l'importance du foncier par rapport à l'immobilier urbain. Au prix d'une argumentation serrée, B. Craig et J. Rygiel parviennent à détruire certains mythes histographiques relatifs à la production textile domestique au Nouveau-Brunswick au cours du XIXe siècle. Le tissage à domicile n'est pas lié à la pauvreté, non plus qu'à la recherche de l'auto-suffisance des exploitations. Bien au contraire, ce secteur d'activité, dans lequel les femmes jouent un rôle actif, est profondément inséré dans les échanges et permet d'améliorer dans de notables proportions les revenus des fermes canadiennes. Y. Aucante présente les débats qui entourent le logement social suédois dans la première moitié de ce siècle et met en relief le rôle décisif des experts, des économistes en particulier, dans la définition d'une politique dans ce domaine. Enfin, dans une note critique, G. Jorland revient sur les calculs effectués par Villermé au siècle dernier pour rendre compte de la condition ouvrière et considère que ses estimations des budgets n'ont été, en aucun cas, noircis, contrairement à ce qui a pu être affirmé ultérieurement.