Depuis quarante ans la littérature française redéfinit l'homme : son intériorité, ses aberrations, ses solitudes, ses difficultés à s'accepter. De Beckett à Le Clézio et de d'Ormesson à Sarraute, elle s'interroge sur ses propres complexes. Elle s'adresse très peu au monde tel qu'il se fait et se défait, en dehors de l'individu. Alain Bosquet, dans Portrait d'un milliardaire malheureux, s'attaque à une société où tout est course au profit ou au pouvoir. Un magnat organise l'enlèvement de son petit-fils : une industrie qui rapporte et qui, paradoxe indispensable, permet de passer pour un philanthrope. Mais les hommes de proie finissent par s'ennuyer : la prochaine fois il fomentera une guerre civile, pour le grand bien du peuple. S'il échoue, il aura pris au moins de beaux risques. Jamais la joyeuse causticité et la satire impitoyable d'Alain Bosquet n'ont été aussi efficaces et aussi drôles.

Né à Odessa le 28 mars 1919, Alain Bosquet (de son vrai nom Anatole Bisk) a passé sa jeunesse à Bruxelles. Il s'est engagé dans l'armée américaine en 1942. Installé définitivement à Paris en 1951, il a collaboré à Combat, au Monde, au Figaro et à plusieurs maisons d'édition. Romancier (Un homme pour un autre, Lettre à mon père qui aurait eu cent ans, Les Solitudes) et poète (Je ne suis pas un poète d'eau douce), il reçoit le Grand prix de poésie de l'Académie française en 1968. Naturalisé en 1980, il a fondé la revue Nota Bene et a été membre du jury Renaudot. Il est mort à Paris le 17 mars 1998.